CBD contre Alzheimer : que dit la recherche scientifique ?

La maladie d’Alzheimer, un type de démence qui affecte la mémoire, la pensée et le comportement, touche des millions de personnes à travers le monde. À ce jour, il n’existe pas de remède définitif pour cette maladie dévastatrice, et les traitements actuels se concentrent sur la gestion des symptômes plutôt que sur la prévention de la progression de la maladie.

Cependant, des recherches récentes suggèrent que le cannabidiol (CBD), ce composé naturel issu du chanvre, pourrait offrir un nouvel espoir pour ceux qui luttent contre la maladie d’Alzheimer. Des études préliminaires ont montré que le CBD pourrait avoir des effets neuroprotecteurs, anti-inflammatoires et antioxydants, ce qui pourrait aider à ralentir la progression de la maladie et à améliorer la qualité de vie des personnes atteintes.

Dans cet article, nous plongeons dans le monde de la recherche sur le CBD et la maladie d’Alzheimer, en explorant les dernières découvertes, les possibles implications et ce que cela pourrait signifier pour l’avenir du traitement de cette maladie complexe.

Qu’est-ce que la maladie d’Alzheimer ?

La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative chronique qui se traduit par une perte progressive et irréversible des fonctions mentales, principalement de la mémoire. Elle a été nommée d’après le médecin allemand Alois Alzheimer, qui a été le premier à décrire cette condition en 1906.

C’est la cause la plus courante de démence chez les personnes âgées. Elle se caractérise par l’apparition de difficultés de mémorisation, des problèmes de langage, de désorientation, et parfois des changements d’humeur et de comportement.

Bien que la cause exacte de la maladie d’Alzheimer ne soit pas entièrement comprise, on pense qu’elle est due à une combinaison de facteurs génétiques, environnementaux et liés au style de vie qui affectent le cerveau avec le temps.

  • Changements dans le cerveau : La maladie d’Alzheimer est associée à la présence de plaques de protéine bêta-amyloïde et de fibrilles de protéine tau dans le cerveau. Ces plaques et enchevêtrements provoquent des dommages et une mort cellulaire dans le cerveau.

  • Facteurs génétiques : Certains gènes sont connus pour augmenter le risque de développer la maladie d’Alzheimer. Le gène de l’apolipoprotéine E (APOE) en est un exemple. Cependant, avoir un ou plusieurs de ces gènes ne signifie pas nécessairement que la personne développera la maladie d’Alzheimer.

  • Facteurs de risque liés à l’âge et au style de vie : L’âge est le plus grand facteur de risque connu pour la maladie d’Alzheimer. Le risque de développer la maladie double tous les cinq ans après 65 ans. En outre, les facteurs de style de vie qui augmentent le risque de maladies cardiovasculaires, comme l’obésité, le tabagisme, le diabète, l’hypertension et le manque d’exercice, peuvent également augmenter le risque de développer la maladie d’Alzheimer.

  • Facteurs environnementaux : Certaines études suggèrent également un lien entre l’exposition à certains polluants environnementaux et le développement de la maladie d’Alzheimer, mais ces recherches sont encore en cours.

Il est important de noter que bien que nous connaissions certains facteurs de risque pour la maladie d’Alzheimer, il n’existe actuellement pas de moyen sûr de prévenir la maladie. La recherche se poursuit pour mieux comprendre les causes et trouver des moyens de prévenir, de traiter et de guérir cette maladie dévastatrice.

Pourquoi la recherche s’intéresse au CBD sur la maladie d’Alzheimer ?

Le cannabidiol (CBD) est l’un des 120 cannabinoïdes identifiés dans la plante de chanvre, Cannabis Sativa L.. Il est étudié pour son potentiel thérapeutique dans plusieurs conditions, y compris la maladie d’Alzheimer. Cependant, la recherche est encore en cours et les mécanismes précis d’action du CBD sur la maladie d’Alzheimer ne sont pas complètement compris. Les données disponibles suggèrent plusieurs façons possibles par lesquelles le CBD pourrait agir. Voici quelques-unes de ces théories :

  • Propriétés anti-inflammatoires : L’inflammation chronique du cerveau est un facteur qui contribue au développement de la maladie d’Alzheimer. Le CBD a montré des propriétés anti-inflammatoires qui pourraient aider à réduire cette inflammation.

  • Propriétés antioxydantes : Le stress oxydatif est impliqué dans la dégénérescence neuronale observée dans la maladie d’Alzheimer. Le CBD possède des propriétés antioxydantes qui pourraient protéger les neurones de ce stress.

  • Effets neuroprotecteurs : Le CBD pourrait avoir un effet neuroprotecteur, en protégeant les neurones contre les dommages et en soutenant la croissance et le développement de nouvelles cellules nerveuses.

  • Modulation du système endocannabinoïde : Le système endocannabinoïde, un système de signalisation cellulaire dans le corps, joue un rôle dans de nombreuses fonctions, y compris l’apprentissage et la mémoire. Le CBD pourrait moduler ce système, ce qui pourrait potentiellement aider à améliorer certains symptômes cognitifs de la maladie d’Alzheimer.

  • Régulation de l’autophagie : Certaines recherches suggèrent que le CBD pourrait moduler l’autophagie, un processus de “recyclage” cellulaire qui est souvent perturbé dans la maladie d’Alzheimer. En améliorant l’autophagie, le CBD pourrait aider à réduire l’accumulation de protéines défectueuses dans le cerveau.

Que disent les études scientifiques ?

Les propriétés neuroprotectrices, anti-inflammatoires et antioxydantes du CBD, démontrées in vitro, font du CBD une cible de choix pour le traitement de la maladie d’Alzheimer. A ce jour, la plupart des études disponibles ont été réalisées sur des cellules et/ou des rongeurs. Ces résultats semblent prometteurs et nous les résumons ci-dessous.

La maladie d’Alzheimer est souvent liée au stress oxydatif, provoqué par l’action des agrégats de peptides béta-amyloïdes. En effet, une diminution de la survie cellulaire a été notée après l’exposition des cellules à ces peptides. Dans une étude¹ menée par des chercheurs de l’Université de Naples, des cellules ont été traitées avec du CBD avant l’exposition au stress oxydatif, résultant en une baisse de la production de radicaux libres, de la peroxydation lipidique, du taux de caspase 3, une inhibition de la formation de plaques amyloïdes, et globalement, une augmentation de la survie cellulaire. Cela suggère que le CBD aurait des effets neuroprotecteurs, antioxydants et anti-apoptotiques face à la toxicité des peptides béta-amyloïdes.

Une étude² datant de 2017 indique que le CBD a aussi démontré in vivo, sur des modèles animaux, son potentiel à diminuer la réaction de gliose, la réponse neuroinflammatoire, le stress oxydatif et à favoriser la neurogenèse.

Une étude³ de 2014 publiée dans le Journal International des Sciences Moléculaires a examiné si un prétraitement au cannabidiol pourrait affecter certaines cellules provenant de la gencive. Ce qu’ils ont découvert, c’est que le CBD pourrait effectivement modifier le fonctionnement de certains gènes. Plus précisément, le CBD réduirait l’activité de gènes qui produisent des molécules appelées kinases et sécrétases. Ces molécules sont impliquées dans la production de deux types de protéines problématiques liées à la maladie d’Alzheimer : les protéines tau et les plaques amyloïdes. En plus de cela, le CBD semble influencer un autre acteur important dans le développement de la maladie d’Alzheimer, un chemin moléculaire nommé PI3k/Akt/GSK3β. Cette influence est probablement facilitée par un récepteur appelé TRPV1. En simplifiant, on pourrait dire que le CBD a la capacité de ralentir la production de certaines protéines nocives dans le cerveau, ce qui pourrait potentiellement aider à réduire les dommages causés par la maladie d’Alzheimer. De plus, cela pourrait aider à améliorer la communication entre les cellules nerveuses en réduisant les plaques amyloïdes, qui peuvent gêner cette communication.

Une autre étude⁴ menée par le célèbre Professeur Mechoulam a révélé que l’administration de cannabidiol diminuait l’amnésie chez des souris modèles de la maladie d’Alzheimer. Plus précisément, après une semaine de traitement au CBD, une augmentation de leurs capacités d’apprentissage a été constatée.

D’autres recherches⁵ ⁶ ont mis en lumière l’efficacité du CBD à limiter les dommages au niveau du système nerveux central et à ralentir la réponse neuroinflammatoire observée dans cette maladie.

Le CBD a t-il un avenir dans le traitement de la maladie d’Alzheimer ?

Les résultats des études doivent être interprétés avec prudence, car ils sont basés sur des études en laboratoire et sur des modèles animaux, et peuvent ne pas se traduire directement en bénéfices pour les patients humains.

Bien que le CBD présente un potentiel thérapeutique pour la maladie d’Alzheimer, d’autres recherches sont nécessaires pour déterminer son efficacité et sa sécurité d’utilisation.

Ainsi, plusieurs études cliniques réalisées sur des populations humaines sont actuellement en cours.

Par exemple, en Nouvelle-Zélande, plusieurs chercheurs lance un essai⁷ visant à déterminer si un traitement quotidien par CBD sur une période de 12 semaines est associé à une amélioration des résultats neurobiologiques, comportementaux et psychologiques chez les personnes vivant avec une démence à un stade précoce. Soixante participants atteints de démence à un stade précoce seront recrutés pour un essai clinique randomisé, en double aveugle, contrôlé par placebo. Les participants seront répartis de manière aléatoire dans les conditions de traitement par CBD pur à 99,9% ou par placebo pendant 12 semaines. Les participants commenceront par une dose de 200 mg/jour pendant 2 semaines avant de passer à 300 mg/jour pour les 10 semaines restantes. Les profils neuroendocriniens basés sur l’imagerie cérébrale et le sang seront évalués avant et après le traitement. Les symptômes psychologiques et comportementaux seront évalués avant le traitement, à 6 semaines et après le traitement. La surveillance de la santé et des effets secondaires sera effectuée par des visites à domicile hebdomadaires. Cette étude est l’une des premières à étudier les effets du CBD isolé sur l’amélioration des changements neuroanatomiques et neuroendocriniens, ainsi que des symptômes psychologiques, lors des premiers stades du diagnostic de la démence.

Une autre étude⁸ clinique menée aux Etats-Unis par l’Université de Médecine de Caroline du Sud, Alzheimer’s Therapeutic Research Institute, Alzheimer’s Clinical Trials Consortium, et le National Institute on Aging (NIA) vise à tester l’efficacité d’une combinaison orale de deux cannabinoïdes, le tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD), pour le traitement de l’agitation chez les participants ayant reçu un diagnostic de démence et qui sont éligibles à des soins palliatifs et souffrent d’agitation.Il s’agit d’une étude contrôlée par placebo, en double aveugle, en groupes parallèles, d’une durée de 12 semaines, avec des critères de jugement primaires évaluant l’efficacité et la tolérabilité d’une combinaison orale de THC/CBD à la semaine 2 et à la semaine 12. Une dose quotidienne totale de 8 mg de THC et 400 mg de CBD dissous dans de l’huile comestible sera administrée 2 fois par jour avec un maximum de 4 mg de THC et 200 mg de CBD par dose. L’étude recrutera 150 participants dans 15 centres d’essais cliniques aux États-Unis sur une période de 2 ans. Les résultats sont attendus pour décembre 2025.

En conclusion, la recherche sur le CBD et son potentiel dans le traitement de la maladie d’Alzheimer est prometteuse et continue de progresser à un rythme rapide. Les résultats de ces études permettront de mieux comprendre les mécanismes d’action du CBD et peut être de faire évoluer la prise en charge des patients atteints de la maladie d’Alzheimer.

Dans l’attente, il est crucial de consulter un professionnel de la santé avant d’utiliser du CBD. Chaque individu est unique, et ce qui fonctionne pour une personne peut ne pas fonctionner pour une autre. Le CBD peut également interagir avec certaines molécules présentes dans les médicaments, et à ce titre faire l’objet de contre-indications.

Sources :

¹ Iuvone T, Esposito G, Esposito R, Santamaria R, Di Rosa M, Izzo AA. Neuroprotective effect of cannabidiol, a non-psychoactive component from Cannabis sativa, on beta-amyloid-induced toxicity in PC12 cells. J Neurochem. avr 2004;89(1):134‑41.

² Watt G, Karl T. In vivo Evidence for Therapeutic Properties of Cannabidiol (CBD) for Alzheimer’s Disease. Front Pharmacol. 2017;8:20.

³ Libro R, Diomede F, Scionti D, Piattelli A, Grassi G, Pollastro F, et al. Cannabidiol Modulates the Expression of Alzheimer’s Disease-Related Genes in Mesenchymal Stem Cells. Int J Mol Sci. 23 déc 2016;18.

Hana Levi J. Israeli Research Shows Cannabidiol May Slow Alzheimer’s Disease – Inside Israel – Israel National News, 2008.

Martín-Moreno AM, Reigada D, Ramírez BG, Mechoulam R, Innamorato N, Cuadrado A, et al. Cannabidiol and Other Cannabinoids Reduce Microglial Activation In Vitro and In Vivo: Relevance to Alzheimer’s Disease. Mol Pharmacol. juin 2011;79(6):964‑73.

Esposito G, De Filippis D, Maiuri MC, De Stefano D, Carnuccio R, Iuvone T. Cannabidiol inhibits inducible nitric oxide synthase protein expression and nitric oxide production in beta-amyloid stimulated PC12 neurons through p38 MAP kinase and NF-kappaB involvement. Neurosci Lett. 15 mai 2006;399(1‑2):91‑5.

Jessica G. Bartschi, Lisa-Marie Greenwood, Amy Montgomery, Lon Dortants, Katrina Weston-Green, Xu-Feng Huang, Nagesh Pai, Jan Potter, Mark M. Schira, Rodney Croft, and Nadia Solowij. Cannabidiol as a Treatment for Neurobiological, Behavioral, and Psychological Symptoms in Early-Stage Dementia: A Double-Blind, Placebo-Controlled Clinical Trial Protocol. Cannabis and Cannabinoid Research.Apr 2023.348-359.

Life’s End Benefits of Cannabidiol and Tetrahydrocannabinol

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